Historique

1) La formation:                                                

La question de la formation d'une division blindée est déjà évoquée en France en 1940 par le gouvernement polonais en exil . Aprés la défaite de la France, ces projets restent d'actualité sur le sol britannique. Cette première division devait comporter la dixième brigade de cavalerie blindée et la seizième brigade blindée. Hélas, dans un premier temps, tous les soldats polonais de ces unités sont transformés en fantassins, intégrés dans la Home Force et occupés à défendre les côtes de l'Ecosse d'Eberdeen à Edimbourg... Pourtant, le général Sikorski, chef du gouvernement polonais et le général Maczek vont persuader les responsables militaires anglais de l'utilité d'une  unité motorisée. Petit à petit, l'idée de la 1ère DB fait son chemin...

Les polonais veulent à tous prix participer à l'invasion de l'Europe, et savent que les Anglais ne feront appel qu'aux seules unités typiques organisées selon leurs modèles. La 1ère DB représente alors l'outil militaire et politique indispensable à la réalisation de ce voeux. D'autant plus qu'avec ses forces aériennes, sa marine et ses parachutistes, l'armée polonaise devient la première armée étrangère sur le sol de la Grande Bretagne. Malgré les difficultés administratives, la volonté du gouvernement polonais en exil ne faiblit pas et c'est ainsi que le 17 février 1942 le feu vert est enfin donné pour la formation de la Première Division Blindéee Polonaise. Le 6 mars 42 le général Sikorski reçoit de la part du général Brooke la confirmation de l'organisation de cette nouvelle unité. D'avril 42 à septembre 43 celle-ci comprend:

--- Un régiment de reconnaissance

--- La 10ème brigade de cavalerie formée des 14ème régiment de lanciers, du 24ème régiment de lanciers, du 10ème régiment de chasseurs à cheval, et du 10ème régiment de chasseurs portés.

--- La 16ème brigade blindée formée des 1er, 2ème, 3ème régiments.

--- Le groupe de soutient comprenant le 1er et le 2ème régiment d'artillerie motorisé, le 1er régiment d'artillerie anti-chars, le 1er régiment d'artillerie anti-aérienne, le premier bataillon de chasseur.

--- Le génie formé des 10ème et 11ème compagnies, d'une compagnie de parc et d'une section motorisée.

--- La transmission avec 4 escadrons de transmission

---  les Services avec les 10ème et 16ème compagnies d'atelier, 2 compagnies sanitaires, trois compagnies de ravitaillement.

Le premier obstacle est le manque d'encadrement et de blindés disponibles. Les premiers chars sont des Mathilde et des Valentine, puis viennent des crusader et des covenanter pour finir enfin par des Sherman et des Cromwell. Le 23 mai 42, le général Paget passe en revue les premiers éléments de la division. On forme aussi les mécaniciens, les électriciens et les ouvriers d'atelier.Les premiers camions, scout-cars, et le matériel d'entretien arrivent petit à petit. Les Britaniques ouvrent aux polonais leurs polygones, camps, écoles, procèdent à l'instruction massive des soldats et des instructeurs.On choisit la coiffe des hussards polonais comme emblème de la division tandis que les mots d'ordre sont "na przod" et "idziemy" ce qui veut dire "en avant " et "on y va". Ceci  finit par inquiéter les responsables britanniques qui pensent que les polonais vont vouloir charger aveuglément l'ennemi et essuyer de fortes et inutiles pertes. Bien qu'ayant bénéficié d'une longue instruction, la division ne disposera pas,  d'un nombre suffisant de soldats pour répondre aux "états imposés". Le problème des recrues sera d'ailleurs permanent, il sera donc trés difficile de remplacer les soldats blessés ou tués. Toutefois, sur les champs de bataille européens,de nombreux volontaires venant des différentes communautés polonaises viendront grossir les rangs de la 1ère DB.

Fin 43 une dernière réorganisation donne à l'unité polonaise sa forme définitive.

--- Le régiment de reconnaissance:  10ème chasseur à cheval sur Cromwell.

--- La 10ème brigade de cavalerie blindée sur Sherman avec les 1er et 2ème régiments, le 24ème régiment de lanciers, le 10ème régiment de dragons.

--- On ajoute la 3ème brigade de chasseurs comprenant le 1er bataillon de chasseurs de Podhale, le 8ème et 9ème bataillon de chasseurs et un escadron indépendant de mitrailleuses.

---L'artillerie divisionnaire avec les 1er et 2ème régiment d'artillerie motorisée, le 1er régiment d'artillerie anti-char, le 1er régimentd'artillerie anti-aérienne.

---Le génie avec la compagnie de sapeurs de commandement, les 10ème et 11ème compagnies de sapeurs, une compagnie de parc, un escadron de circulation et deux compagnies d'atelier

--- Deux compagnies sanitaires, un escadron de chars de réserve et un escadron de gendarmerie.

Les effectifs s'élèvent à 855 officiers, 15 210 hommes de troupes, 381 chars, 473 canons, 4050 véhicules.

Pour contrôler sa valeur, la division prend  part à des manoeuvres bilatérales appellées "Snaffle" avec la quatrième division blindée canadienne en 1943. Cette même unité deviendra l'inséparable compagne des polonais pendant les combats sur le continent... L'entraînement va encore durer un an et le 19 mars 44, la division passe avec succés un examen britannique de  compétence. Le même mois, le maréchal Montgomery rend visite aux polonais. Son discours est flou et l'impression qu'il laisse est trés mitigée...mais cette visite met le point final à l'incorporation de la division dans le XXIè groupe d'armées de débarquement! Au mois d'avril, une autre personnalité est annoncée, le général Grouse, que personne ne semble connaître. Le général Maczek va à sa rencontre à la gare mais c'est le général Eisenhower qui descend du train... Simple et naturel, il fait sa tournée pour voir les détachements là où ils se trouvent. Il parle aussi bien aux officiers qu'aux soldats et tire même au pistolet avec eux. Sa personnalité sympathique gagne davantage encore par contraste avec la visite précédente... En mai, la division se déplace en Angleterre dans le comté d'York pour des manoeuvres de grande envergure avec la deuxième division blindée du général Leclerc. Le moral des soldats est bon, ils ont hate d'en découdre avec les Allenands. Le jour J approche, la division ne sera pas employée à briser le mur de l'Atlantique mais à la sortie des têtes de pont du débarquement. Enfin c'est le 6 juin,  aprés un dernier exercice en présence du général Sosnkowski, commandant en chef de l'armée Polonaise, la division passe dans la région d'Aldershot dans le sud de l'Angleterre et attend son tour...                        

Avant d'embarquer, la 1ère DB reçoit la visite du président de la République polonaise, M. W. Raczkierwicz.

 

2)  La campagne de France:

le 1er août: La traversée nocturne est calme et au petit matin, toute la division est guidée vers les cantonnements; des carrés de champs recouverts de poussière crayeuse. La division fait partie de la première armée canadienne du général H.D.G. Crerar plus exactement du le IIème corps d'armée canadien commandé par le général de brigade G.G. Simonds.

Sur le front, la situation reste délicate, le maréchal Mongomery a retenu dans la région de Caen la plus grande partie des blindés allemands soit six divisions. Il a de ce fait facilité l'avance des Américains dans la région de St-Lô. L'attaque de l'armée canadienne doit  faire sauter ce verrou et permettre la sortie vers Falaise sur le flanc et les arrières de la VIIè armée allemande aux prises avec les unités américaines. C'est l'opération "Totalise" qui commence le 5 août. Mais le bombardement qui la précede est trop court est atteint même le régiment anti-aérien polonais. De ce fait, les positions de défense en profondeur des Allemands sont intactes et la progression des blindés polonais et canadiens sera lente, difficile et trés couteuse en chars (60 sont détruits en 3 jours avec 656 soldats tués ou bléssés). Le 9 août, la division n'a progressé que de quelques kilomètres. Malgré le succés des chasseurs de Podhale à St Sylvain et celui du 9ème bataillon à Soignolles, ce baptême du feu n'est pas un franc succés. L'analyse de cette première action montre quand même que Polonais et Canadiens se sont heurtés à plusieurs divisions  dont la 12ème blindée SS Hitler Jugend, une des plus fanatiques. Les  deux divisions blindées alliées n'ont pas réussi à enfoncer les lignes nazies car cela dépassait tout simplement leurs possibilités. C'est pendant ces combats acharnés que le plus grand spécialiste des blindés allemands, le capitaine Wittmann, chef du 101è bataillon de chars a trouvé la mort prés de Saint-Aignan-de-Cramesnil. Il est également important de souligner qu'un, projectile du fameux 88mm allemand tiré à une distance de 2 km transperce le blindage d'un Sherman alors que celui-ci doit approcher un tigre à 500m pour le détruire.

la prochaine attaque des Polonais est fixée au 14 août. Le repli amorcé par la VIIè armée allemande crée la possibilité de lui couper la retraite. C'est alors que naît l'idée de la "Falaise gape" ou "Falaise pocket". La responsabilité entière de ce nouveau plan repose sur les divisions polonaise et canadiennes. Et c'est la 1ère DB qui fera le bonchon.

Le commandant Maciejewski, qui dirige de main de maître le 10ème régiment de chasseurs à cheval traverse la Dives et prend les Allemands totalement au dépourvu. La percée tant espérée est là! La 10ème brigade va mettre ce succés à profit appuyée par l'artillerie de la division  et aidée par les Canadiens. Il est enfin possible de couper la retraite des Allemands. Les nombreux prisonniers appartiennent aux 1053ème et 1054ème régiments de grenadiers ainsi qu' la 21ème Division Blindée et la fameuse "Hitler Jugend".

Le 17 aôut, le 10ème régiment de chasseurs à cheval atteint les cotes 159 et 259 et se trouve à 1,5 km de Trun où il est accroché par une colonne blindée allemande. La ville de Trun est un passage important mais ceux sont les Canadiens qui l'occuperont car le lendemain, un ordre prioritaire du Maréchal Montgomry envoi les Polonais vers Chambois... Le Général Maczek met alors sur pied une force d'attaque composée du 2ème régiment Blindé, du 8ème bataillon de chasseurs, et d'un groupe anti-chars et commandée par le  lieutenant-colonel Koszutski. Ce détachement est guidé par un civil qui se trompe et envoie les Polonais à Champeaux au lieu de Chambois. Ceux-ci sèment alors la pagaille dans la 2ème DB allemande, la même qu'ils avaient combattue en 39 à Wysoka, Naprawa, et Myslewice. Cependant, la ville de Chambois n'est toujours pas prise. Aprés de trés durs combats,  le lieutenant-colonel Zgorzelski du 24è lancier et le 10è rgt de dragons  avec un groupe anti-char prennent définitivement la ville. La jonction se fera avec un bataillon du 359è régiment d'infanterie américaine.Un peu plus loin, la cote 262 est occupée par le 1er régiment blindé du lieutenant-colonel Stefanewicz ainsi que par les chasseurs de Podhale.

Le général Maczek donnera le nom de "Maczuga" ou massue à l'action de ses troupes qui viennent de fermer définitivement la poche de Falaise. Les Allemands qui doivent passer aux pieds de ces collines par un couloir qu'on appellera "couloir de la mort" sont conscients du danger. Ils vont attaquer les Polonais   sans interruption pendant trois journées. Les Polonais sont seuls, complètement isolés, Américains et Canadiens sont trop loin et surtout trop occupés pour leur venir en aide. Les nazis auront pour ordre de détruire la division polonaise. Ceux qui étaient sortis du chaudron vont même faire demi-tour pour prendre la division polonaise à revers. Tous les Allemands qui peuvent encore tenir un fusil  vont monter à l'aussaut de ces deux pitons par les quatre points cardinaux. Seul le général Langnade de la 2ème DB française aurait pu venir aider les Polonais mais un ordre de dernière minute va le détourner sur Paris...

Le 20 aôut est la journée la plus critique. La division reste isolée et les attaques allemandes vont se succéder. Les pertes sont nombreuses dans les unités de ravitaillement qui devient impossible...

 

 

 

 

 

 

A  SUIVRE.....

 

 

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